Thieri Foulc

Atlante potenziale

La cartografia progetta il mondo sul piano della carta. Lo descrive con trasposizioni più o meno codificate, più o meno fedeli, però sempre dettate da un’intenzione utilitaria : si tratta, per il marinaio o l’ingegnere, l’automobilista o il pedone delle città, il capo di stato maggiore, il comandante dei vigili del fuoco, di sapersi dirigere, dove intervenire. Il chirurgo, pure lui, mentre sta operando si riferisce mentalmente al suo atlante anatomico.

La cartografia potenziale, lei, proietta i suoi mondi a partire della carta. Li proietta in funzione di regole che lei stessa inventa per organizzare la carta alla sua convenienza. Là, risiede il suo compito. I suoi metodi possono essere tanto rigorosi quanto quelli dei geografi, geologi, astronomi o ingegneri, però dimostrano sempre un’intenzione ferocemente nonutilitaria : per il potenzialista, la carta non rende conto d’alcun territorio, e meglio è non ancorarsi su di lei per intervenire nel mondo esteriore. Lei stessa è il suo territorio, è il mondo ed è in lei che lo spettatore viaggia.

Un Opificio di Cartografia Potenziale fu pensato attorno all’anno 2000 per esplorare il mondo delle carte senza mondo assieme ai metodi per produrle. Diciamo subito che la fantasia, l’illustrazione romanica, l’arbitrario non costituiscono metodi. L’Opificio si proponeva d’inventare delle costrizioni nel senso dell’Oulipo (Opificio di Letteratura Potenziale) o dell’Oupeinpo (Opificio di Pittura Potenziale). Alcune direzioni di ricerca ed esempi furono pubblicati in un insieme più vasto nel n° 21 dei Carnets trimestriels du Collège de ‘Pataphysique in settembre 2005. Non indulgeremo qui perché i collages cartografici riuniti nel presente atlante rilevano di un’altra epoca e di un altro progetto, anche se, per la maggior parte, furono elaborati a partire d’una costrizione deliberatamente oupeinpienne.

Negli anni sessanta, percorsi l’Africa del Nord ed il Sahara, prima di inoltrarmi dieci anni più tardi in ciò che uno scrittore passato di moda nominò il deserto di Bièvres. Da questo percorso, rapportai sopratutto carte con alcuni scritti. Col tempo, queste carte divennero inutili, come pure gli scritti. Servirono come materiale principale ai collages i quali furono dispersi con alcuni esemplari degli scritti pubblicati (1992).

Lacerare le sue vecchie carte è il piacere del viaggiatore. Offrirne brani ai lettori è un godimento d’autore. L’opera del cartografo potenziale consiste, in quanto a lei, nel rappezzare lembi di regioni sparse assicurando una continuità tra il massimo di strade possibili, di fiumi, di rive, di linee immaginarie tali frontiere o meridiani. Bastono due punti per determinare la posizione di un frammento rispetto ad un altro. Tre punti di giunzione costituiscono un inizio di costrizione nel senso oupeinpiano. Dieci o dodici punti di giunzione reperiti negli incontri fortuiti del dilaniamento impongono di assemblare due frammenti che la geografia stessa non aveva previsto di ravvicinare. Una coerenza seconda, mai completa (felicemente), rende persuasiva su un altro piano questa cartografia di Nessuna Parte. Giubilo del cartografo.

Spesse volte, spiriti superficiali tacciano di formalismo le opere nate negli opifici del potenziale. Che la forma sia formale, è formalmente irreformabile. Ciò non di meno alcune forze sono in gioco, sempre. Per chi le utilizzò, le carte in lembi custodiscono la memoria di avvenimenti, di paesaggi, di punti di inflessione d’una vita. Alcuni collages riuniti qui godono questa unica capacità. La maggior parte di loro però, di quelli guidati dagli assemblaggi a costrizioni, concentra il fenomeno e li conferisce un rilievo più sorprendente in quanto i ravvicinamenti sembrano meno premeditati, dettati solamente dal metodo come ad esempio la scorciatoia de Figuig al Petit Clamart (tavola 4) oppure l’inclinazione della Hamada el Homra sulla Piazza Denfert-Rochereau (tavola 1). Per quelli che non le utilizzarono, al vedere il reimpiego, queste carte cariche di un’esperienza non condivisa suggeriscono forse altro, però non saprebbero dire nulla.

Forte di questa convinzione Alain Nahum suggerì di estendere quest’atlante al rappezzamento di carte fornite da terzi. Carte geologiche, marine, carta regionale scovata nelle carte di famiglia, atlante dei spostamenti del cineasta (Alain Nahum stesso) : il cartografo non si limita più alla propria esperienza. Confida nel potenziale per ricreare e concentrare l’avventura di altri tranne lui. Un’avventura che, pur da lui sconosciuta, non li risulterebbe totalmente estranea.

Thieri Foulc

 

Tradotto dal francese da Émilie Scheffer

Atlas potentiel

La cartographie projette le monde sur le plan du papier. Elle le décrit par des transpositions plus ou moins codées, plus ou moins fidèles, mais toujours dictées par une intention utilitaire : il s’agit pour le marin ou l’ingénieur, l’automobiliste ou le piéton des villes, le chef d’état-major ou le chef des pompiers de savoir où se diriger, où intervenir. Le chirurgien aussi, tandis qu’il opère, se réfère en esprit à son atlas anatomique.

La cartographie potentielle, elle, projette ses mondes à partir du papier. Elle les forme en fonction de règles qu’elle invente pour agencer le papier à sa convenance. C’est là sa tâche. Ses méthodes peuvent être aussi rigoureuses que celles des géographes, géologues, astronomes ou ingénieurs, mais elles affichent une intention farouchement inutilitaire : pour le potentialiste, la carte ne rend compte d’aucun territoire et mieux vaut ne pas se fonder sur elle pour intervenir dans le monde extérieur. Elle est son propre territoire, elle est le monde et c’est en elle que le spectateur voyage.

Un Ouvroir de Cartographie Potentielle fut envisagé aux alentours de l’an 2000 afin d’explorer le monde des cartes sans monde et les méthodes pour les produire. Disons tout de suite que la fantaisie, l’illustration romanesque, l’arbitraire ne constituent pas des méthodes. L’Ouvroir se proposait d’inventer des contraintes au sens de l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle) ou de l’Oupeinpo (Ouvroir de Peinture Potentielle). Des directions de recherche et des exemples furent publiés au sein d’un ensemble plus vaste dans le n° 21 des Carnets trimestriels du Collège de ’Pataphysique, en septembre 2005. On ne s’y attardera pas ici car les collages cartographiques réunis dans le présent atlas relèvent d’une autre époque et d’un autre projet, même si, pour la plupart, ils ont été élaborés à partir d’une contrainte délibérément oupeinpienne.

Dans les années 1960, je parcourus l’Afrique du Nord et le Sahara, avant de m’enfoncer, dix ans plus tard, dans ce qu’un écrivain passé de mode nomme le désert de Bièvres. De ce parcours, je rapportai surtout des cartes et quelques écrits. Le temps passant, ces cartes devinrent inutiles, comme les écrits d’ailleurs. Elles servirent de matériau principal à des collages, lesquels furent dispersés avec certains exemplaires des écrits publiés (1992).

Lacérer ses vieilles cartes est le plaisir du voyageur. En offrir les morceaux aux lecteurs est une jouissance d’auteur. L’œuvre du cartographe potentiel, elle, consiste à rabouter les lambeaux de régions éparses en assurant une continuité entre le plus possible de routes, de rivières, de rivages, de lignes imaginaires telles que frontières ou méridiens. Deux points de jonction suffisent à déterminer la position d’un fragment par rapport à un autre. Trois points de jonction constituent un début de contrainte au sens oupeinpien. Dix ou douze points de jonction repérés dans les hasards du déchirage imposent d’assembler deux fragments que la géographie n’avait pas songé à rapprocher. Une cohérence seconde, jamais complète (heureusement), rend persuasive sur un autre plan cette cartographie de Nulle Part. Jubilation du cartographe.

Souvent, des esprits superficiels taxent de formalisme les œuvres issues des ouvroirs du potentiel. Que la forme soit formelle, c’est formellement irréformable. Pourtant, d’autres ressorts sont en jeu, toujours. Pour celui qui les utilisa, les cartes en lambeaux gardent la mémoire d’événements, de paysages, de points d’inflexion d’une vie. Certains des collages ici réunis jouent de cette seule capacité. Mais la plupart, ceux que guident les assemblages à contrainte, concentrent le phénomène et lui confèrent un relief d’autant plus saisissant que les rapprochements semblent moins prémédités, dictés qu’ils sont par la méthode. Ainsi le raccourci de Figuig au Petit-Clamart (planche 4) ou le dévers de la Hamada el-Homra sur la place Denfert-Rochereau (planche 1). Pour ceux qui ne les utilisèrent pas, mais en regardent le réemploi, ces cartes chargées d’une expérience non partagée disent sans doute autre chose, mais ne sauraient dire rien.

C’est fort de cette conviction qu’Alain Nahum suggéra d’étendre cet atlas au raboutage de cartes fournies par des tiers. Cartes géologiques, cartes marines, carte régionale trouvée dans des papiers de famille, atlas des déplacements du cinéaste (Alain Nahum lui-même) : le cartographe ne se limite plus à son expérience personnelle. Il fait confiance au potentiel pour recréer et concentrer l’aventure d’autres que lui. Une aventure qui, pour lui être inconnue, ne saurait lui être fondamentalement étrangère !

 Th. F.

Paola Acampa, Donald, Thieri Foulc e io

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